Invention du racisme, invention du « sauvage »
- Pascal Blanchard, historien, spécialiste du fait colonial et commissaire de l’exposition Zoos humains. L’invention du sauvage
Le trimestriel de la laïcité en Province de Liège
JUILLET - AOÛT - SEPTEMBRE 2016
Le café du commerce est une source inépuisable de transmission de lieux communs. Parmi ceux-ci, une phrase entendue récemment : « Le racisme, c’est quelque chose de naturel ! Chacun a ça en lui. » Une attitude de rejet de l’Autre qui, dans la foulée, véhicule bon nombre de stéréotypes éminemment discutables.
L’exposition Zoos Humains. L’invention du sauvage s’attelle à démonter, de matière très didactique, ces stéréotypes en expliquant leurs origines. Le point de départ : les grandes conquêtes et découvertes occidentales commencées dès le XVIe siècle, qui suscitent chez les conquérants le besoin de catégoriser le monde qui les entoure. De là naîtra une avalanche de poncifs encore véhiculés de nos jours que d’aucuns prennent pour argent comptant, hélas !
Ce mépris organisé de l’étranger trouvera son apogée au XIXe siècle dans le phénomène des zoos humains où, sous couvert de faire découvrir au grand public d’autres populations et leurs coutumes, des êtres humains sont exploités et mis en scène. À une époque où les grandes puissances européennes, de surcroît, assoient leur emprise sur leurs colonies, leur sentiment de supériorité se renforce.
Ce numéro propose d’aborder l’aspect historico-anthropologique de la question, les facteurs qui ont permis au racisme de perdurer jusqu’à nos jours, avec une question ultime : les zoos humains existent-ils encore aujourd’hui sous de nouvelles formes ?
Quoi qu’il en soit, gardons constamment à l’esprit que le racisme n’est en aucun cas une fatalité. Juste une question d’éducation et de valeurs prônées.