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Véronique Limère,
présidente du Centre d'Action Laïque de la Province de Liège
Le mot de la présidente
Le 7 mars dernier, le mouvement Stand up for Science, soutenu en Belgique par les universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles, organisait une journée de mobilisation afin de réaffirmer le rôle fondamental des sciences comme moteur d’émancipation et de progrès social. Les inquiétudes s’installent et la solidarité s’organise, en réaction à ce qui se joue actuellement aux USA et qui nous concerne également. En effet, le vice-président identifiait il y a peu les universités comme l’ennemi, désignant ainsi ses cibles : le savoir, la science et la place de l’expertise dans la société.
La censure idéologique est à l’œuvre, emportant avec elle des informations scientifiques essentielles sur les inégalités sociales, la santé, la diversité, le genre et la protection de l’environnement. Ainsi voyons-nous apparaître là-bas comme ici ce qui s’apparente à une révolution (régression ?) culturelle, assortie d’une dynamique où les secteurs publics se voient dénier toute crédibilité et sont menacés de définancement. Si la démarche scientifique peut être questionnée, elle demeure aux yeux des laïques le fondement du libre examen. En tant que démocrates attachés à la liberté académique et scientifique, nous devons nous alerter et nous mobiliser en faveur de ces valeurs essentielles, piliers de notre démocratie. La science est un bien commun. Elle est un enjeu fondamental dans la compréhension du monde qui nous entoure. Produire, partager et rendre accessibles les connaissances scientifiques est ainsi crucial pour la société, permettant à chacune et chacun de développer une pensée critique et de participer activement aux décisions qui les concernent.
(…) Si la démarche scientifique peut être questionnée, elle demeure aux yeux des laïques le fondement du libre examen. (…)
Cette volonté de prendre le contrôle des vérités s’étend ici aussi à la culture, cet autre bien commun fait de savoirs à haute valeur humaine ajoutée, dont le financement public est remis en cause par certains, arguant qu’elle s’épanouirait mieux dans une logique exclusive de marché et que le plébiscite du public et le retour sur investissement suffisent à justifier l’existence d’une œuvre. Or, comme le développe la philosophe Pascale Seys dans une récente carte blanche, la culture n’est pas une simple addition de choix individuels. Elle relève d’un dialogue collectif. C’est pourquoi soutenir des œuvres qui d’emblée ne plaisent pas à tous garantit l’ouverture à des voix dissonantes, novatrices, stimulantes.
Ce sont la solidarité, la diversité des points de vue, l’art, les sciences et la pluralité des cultures qui nous élèvent et nous permettent de regarder l’horizon, tout en faisant société.
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