• Maria Ponente
    Maria Ponente
Propos recueillis par Joëlle Mammo Zagarella

La Mda l'Info des jeunes Seraing Jeunes Citoyens, bâtisseurs de demain

La MdA l'Info des jeunes Seraing est un centre d'information et de documentation pour les jeunes, reconnu et subsidié par la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Son rôle est de rechercher, de classer et de diffuser de l'information pour les jeunes et avec eux dans une démarche de conscientisation. L'action de l'association s'inscrit dans un processus d'éducation permanente. Dès lors, son objectif principal consiste à aider les jeunes à construire leur propre projet de vie en leur donnant les outils nécessaires au développement de leurs aptitudes personnelles, à l'analyse de la société et l'expression de leurs valeurs et opinions et ainsi à leur faire prendre conscience de leur rôle d'actrices et d'acteurs dans leur environnement proche et élargi.
Il vise à développer chez ces jeunes, avec leur participation, une citoyenneté active, critique et responsable.
Le centre regroupe un espace documentation, un espace cyber (accès libre et gratuit), l’accueil jeunes (aide personnalisée, accompagnement dans les recherches d’infos, bourses d’études, attestation ­student@work),
du coaching scolaire (aide à la rédaction, la mise en page, la recherche liée aux travaux scolaires), du coaching job étudiant (aide à la réalisation de CV, lettres de motivation, démarches administratives, recherche d’emploi, etc.). L’équipe met également en place divers projets tout au long de l’année et leur public cible sont les jeunes entre 12 et 26 ans.


Entretien avec

Maria Ponente

Jeunes Citoyens, bâtisseurs de demain

Salut & Frater­nité : Pour­quoi avoir choisi le thème « Jeunes citoyens, bâtis­seurs de demain » pour la décade 2024 ?

Maria Ponente : Chaque année, la MdA l'Info des jeunes Seraing propose une décade avec un programme d’activités autour d’une théma­tique choi­sie. En cette année élec­to­rale, où les jeunes dès 16 ans devront voter aux élec­tions euro­péennes au mois de juin, il nous semblait néces­saire d’aborder les notions de démo­cra­tie et citoyen­neté, dans un contexte de bana­li­sa­tion de l’extrême droite​.Il faut savoir qu’aujourd’hui en Italie, Geor­gia Meloni, première ministre italienne, est consi­dé­rée comme une personne faisant partie d’un parti « démo­cra­tique » alors qu’il ne l’est pas du tout. Elle est issue du parti post-fasciste Fratelli d’Italia.
Cette tendance à bana­li­ser les discours de l’extrême droite nous amène à réflé­chir à des acti­vi­tés à propo­ser au plus grand nombre d’élèves afin de les sensi­bi­li­ser à la citoyen­neté, à la démo­cra­tie et à la fragi­lité de celle-ci.

S&F : Pensez-vous que ces discours extré­mistes atteignent le public jeune ?

M.P. : Oui, très fort ! On nous rapporte des saluts hitlé­riens dans certaines écoles, des rejets très clairs par rapport aux LGBTQIA+, etc.
Les propos tenus sont des répé­ti­tions de ce que les jeunes entendent autour d’eux – parents, amis. Par exemple : « Pour avoir un loge­ment social, il faut être étran­ger », alors qu’en réalité, le pour­cen­tage d’attribution de ces loge­ments à des étran­gers ne reflète pas cette affir­ma­tion, et surtout, il n’y a heureu­se­ment pas de clas­se­ment de ce type !

S&F : Comment se décline cette décade ?

M.P. : Durant 10 jours, nous propo­sons aux jeunes des rencontres et des débats autour de la citoyen­neté et de la démo­cra­tie. Nous sommes conscients que l’idéal serait de n’avoir qu’un seul groupe qui parti­ci­pe­rait à l’ensemble des acti­vi­tés, ce qui est évidem­ment impos­sible au niveau de l’organisation des écoles. Notre but, en tant que centre d’information, est de toucher le plus grand nombre de personnes. Mais si on arrive à ne serait-ce qu’allumer une petite lumière de conscience dans l’esprit de quelques jeunes, on se dit qu’on aura fait une partie du job.
Durant ces 10 jours, diffé­rentes acti­vi­tés sont propo­sées : une visite du parle­ment Wallo­nie-Bruxelles afin de les infor­mer sur son fonc­tion­ne­ment et sur le rôle des parle­men­taires ; une anima­tion sur les droits humains avec Amnesty Inter­na­tio­nal ; une anima­tion Voter c’est déci­der pour décryp­ter la lecture des programmes ; une visite des expo­si­tions des Terri­toires de la Mémoire Porte-voix et Figh­ting for ? pour réflé­chir sur leur pouvoir d’action et de résis­tance en tant que jeune ; une visite de l’exposition du Centre d’Action Laïque de la Province de Liège Voter en 2024 pour déco­der les programmes des partis et des propos popu­listes qui mènent à la divi­sion de notre société ; un échange avec un groupe de jeunes Flamands ; un débat avec les Appren­tis Citoyens ; une anima­tion avec La cible, c’est toi ; une pièce de théâtre-action ça ne chan­gera rien (ou alors), de la Cie Maritime.

S&F : Quel a été votre public plus spéci­fi­que­ment cette année ?

M.P. : Nous avons accueilli un peu plus de 1 000 participant·es issu·es prin­ci­pa­le­ment des établis­se­ments scolaires secon­daires alen­tours, les jeunes en réin­ser­tion profes­sion­nelle via la cellule d’insertion du CPAS de Seraing et aussi les jeunes qui sont dans l’enseignement supé­rieur qui nous rejoignent, des groupes d’Infor Jeune, etc. C’est donc un public qui a entre 16 et 20 ans.

S&F : Que disent les profes­seurs, les jeunes ?

M.P. : Même si tout se passe bien, on se rend compte, cette fois-ci, que beau­coup de jeunes s’en fichent d’aller voter, de la poli­tique, etc. Ils ne savent pas, ne sont pas prépa­rés aux visites – du parle­ment par exemple. Donc, on a pensé avec nos collègues, pour la prochaine fois, d’aller les rencon­trer dans leurs écoles pour une première information.
Nous sommes conscients que chaque groupe reçoit des bribes d’information, même s’il y en a qui parti­cipent à plusieurs acti­vi­tés, mais on essaie à chaque fois de discu­ter avec eux, de faire émer­ger une réflexion sur les valeurs et l’importance de la démocratie.

< Retour au sommaire