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Ermanno Orselli,
Kaosmos asbl
L’art ? Engagé ? Une nécessité ?
L’art ? Engagé ? Une nécessité ?
L’art pourrait être défini comme l’expression d’un individu ou groupe d’individus via un média qui peut revêtir plusieurs fonctions ; décorative, éducative, expressive,… sublimant la plupart du temps les pensées, les émotions du ou de ses auteur(e)s. Partant de ce point de vue, je pense que, tel un kaléidoscope d’humanités, l’art est, entre autres, engagé. Cela dépend de la fonction que l’artiste créateur ou que le groupe qui le véhicule lui donne. Cela dépend aussi du statut social que l’on cherche à développer via ce média.
L’art n’est pas un objet anodin ; l’art a et/ou aura toujours des conséquences, un impact qui affectera tôt ou tard un spectateur présent ou à venir. Cet impact peut être presque nul, faible, fort voire violent, il peut aussi se diluer dans l’oubli des générations futures et servir de rappel au gré des imperceptibles cycles de l’humanité.
L’artiste est responsable de ses oeuvres, le regard du spectateur ne lui appartient pas. L’art est un média de communication, quelle que soit la forme qu’il revêt, consommable ou non. Par nature il émet. Cela peut être un concept plus ou moins égocentré vécu ou véhiculé par
l’artiste, une vue de l’esthétique, une émotion, l’expression d’un instant, des représentations de l’idée du symbole, parfois devenant le symbole lui-même ou encore ramené à une négation même de la vie et revêtir alors une forme de nihilisme. L’art selon le mode d’expression utilisé sera anecdotique, décoratif, symbolique, message sublime d’expérience du soi humain ou encore expression matérialiste de concepts dénués d’émotion.
L’art par nature est subjectif et parfois objet d’universalité lorsqu’il se fait symbole.
L’art engagé dépend donc de l’artiste et de son propre rapport à son « temps », son époque, ses contemporains. Selon moi l’artiste ancré dans son temps ne peut qu’être engagé puisque, dans le présent, conscient de sa propre humanité, relié aux autres vivants de son temps, concerné. L’artiste original agit et de la sorte anticipe, annonce, dénonce.
L’artiste contemporain est caractérisé par une individualité « raisonnée », « étonnante », « surprenante », « vivifiante », « pure », « sincère », « consciente », « présente », « qui se met en question », « actuelle », « populaire », « humaine », « humble », « vraie », « subversive », « indépendante » et nécessairement « engagée » !
En élargissant ce point de vue à la société, je dirais que pour une société démocratique, c’est une nécessité qui malheureusement est mal comprise et pour cause : les institutions d’État ayant pour fonction de soutenir ce qui est « reconnu », ne peuvent soutenir que ce qui est… « déjà connu » donc pas présent et encore moins visionnaire.
Je conclurai donc par une autre affirmation ; celle de la nécessité de l’indépendance de l’art engagé !
« Le sage montre la lune, le sot regarde le doigt ».
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