• Jonathan Bovy
    Jonathan Bovy
    administrateur et coordinateur à la MAC Verviers – Ensemble Autrement asbl
Propos recueillis par Aline Kockartz

La Maison Arc-en-ciel de Verviers – Ensemble Autrement … depuis 10 ans !

Implantée dans ses locaux de la rue Xhavée au centre de Verviers depuis 2015, la Maison Arc-en-Ciel de Verviers est membre du Centre d’Action Laïque de la Province de Liège depuis 2019. « Ensemble Autrement » est la devise de l’association qui fête ses 10 ans en 2023.

La Maison Arc-en-Ciel de Verviers – Ensemble Autrement est un service social et un lieu de convivialité pour toutes les personnes lesbiennes, gays, bisexuel·les, transgenres, queers, intersexes, asexuel·les, autres et leur proches en province de Liège.

L’association démontre une expérience solide qui est partagée lors de formations et sensibilisations dont les objectifs sont de travailler à l’inclusivité et au vivre-ensemble. Elle compte à présent cinq employés et nombres de volontaires pour assurer ses actions et mobilisations. Cet anniversaire est l’occasion de revenir sur les missions de l’association et ses réalités de terrain.


Entretien avec

Jonathan Bovy

Pour plus d’inclusivité

Salut & Frater­nité : Cette année, vous fêtez les 10 ans de la MAC Verviers. Quel bilan tirez-vous du chemin parcouru ?

Jona­than Bovy : 10 ans, c’est un cap impor­tant pour une jeune asso­cia­tion. Beau­coup de choses ont changé, sauf la philo­so­phie, les valeurs fonda­men­tales dont l’inclusivité et la dyna­mique d’équipe ouverte au public.

Nous sommes passés d’une asso­cia­tion de quelques béné­voles, qui n’avait ni locaux ni finan­ce­ment, à une asso­cia­tion compo­sée d’une équipe de cinq personnes (éduca­teur, assis­tants sociaux) à temps partiel (pour 3,5 équi­va­lents temps plein). Malgré cela, il est néces­saire de renfor­cer l’équipe, c’est pour­quoi nous travaillons égale­ment sur des appels à projets. Nous sommes membres de la Fédé­ra­tion Prisme, la coupole qui rassemble et repré­sente les asso­cia­tions wallonnes œuvrant à la construc­tion d’une société plus équi­table pour les personnes LGBTQIA+, ce qui nous permet de travailler conjoin­te­ment avec les autres Maisons Arc-en-Ciel.

L’inclusion est au cœur du travail de la Maison Arc-en-Ciel de Verviers.

Chaque année, davan­tage de béné­fi­ciaires font appel à nos services : les besoins sont là et nous gagnons en recon­nais­sance. Les gens se tournent parti­cu­liè­re­ment vers nous pour notre exper­tise au niveau de demandes de protec­tion inter­na­tio­nale. Celles-ci concernent des personnes qui font une demande d’asile sous le critère des persé­cu­tions homo­phobes ou trans­phobes vécues dans leur pays. Depuis 2019, nous sommes recon­nus dans l’appel à projet Initia­tives locales d'Intégration (ILI) et nous rece­vons un subven­tion­ne­ment spéci­fique (par rapport aux autres Maisons Arc-en-Ciel) pour travailler avec ce public. Nous avons acquis une certaine expé­rience, puisque désor­mais, trois personnes s’occupent des demandes de protec­tion internationale.

Cette expé­rience acquise en 10 ans, nous la parta­geons lors de forma­tions que nous propo­sons depuis deux ans aux profes­sion­nels sur les théma­tiques LGBTQIA+ et égale­ment en gestion d’asbl. Le fonde­ment même de notre travail, c’est la théma­tique du genre au sens large, c’est-à-dire tout ce qui permet de prendre du recul sur les normes, décons­truire les repré­sen­ta­tions du mascu­lin et du fémi­nin. Au niveau du réseau asso­cia­tif local vervié­tois, nous sommes les seuls à trai­ter ces questions.

S&F : Quels sont les projets à venir ou en cours que vous souhai­tez nous parta­ger ou mettre en avant ?

J.B. : Nous avons lancé, à l’occasion de nos 10 ans, une enquête auprès de nos publics pour s’assurer que les besoins iden­ti­fiés à la genèse de l’association sont toujours présents, car depuis la covid, nous obser­vons une grande diffi­culté à faire venir le public en présen­tiel. Nous voulions nous assu­rer que les services propo­sés sont toujours en adéqua­tion avec les besoins (forma­tion de l’équipe, acti­vi­tés). Nous sommes inter­pel­lés par les diffi­cul­tés psychiques expri­mées par nos publics. Il est néces­saire de recréer du lien social. À l’avenir, il est impor­tant d’intensifier le service social.

Nous avons aussi un projet d’exposition en parte­na­riat avec le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège et les Terri­toires de la Mémoire sur la dépor­ta­tion des personnes LGBTQIA+ pendant la Seconde Guerre mondiale.

Nous travaillons égale­ment à l’édition de brochures de sensi­bi­li­sa­tion en vue d’éclairer sur les réali­tés vécues par nos publics.

S&F : Votre asso­cia­tion a vécu récem­ment des moments diffi­ciles. Qu’en est-il aujourd’hui ?

J.B. : Nous avons connu des faits de vanda­lisme des locaux en 2020 et quelques effrac­tions et vols de maté­riels. Parfois, des jeunes nous crient des insultes.
Le 17 mai, la Ville a inau­guré un esca­lier aux couleurs arc-en-ciel réalisé par un collec­tif de graf­feurs (comme cela a été initié dans d’autres villes). Il a été « repeint/vandalisé » en blanc, à coup de seaux de pein­ture, moins d’un mois après.

La théma­tique de la sécu­ri­sa­tion ou « comment rendre nos espaces safe », notre asso­cia­tion y réflé­chit déjà depuis long­temps. Nous avons mis des choses en place. Nous avons d’excellents rapports avec la zone de police Vesdre. Une patrouille passe une fois par semaine et le chef de corps est atten­tif à ce que l’on puisse porter plainte. À notre demande, une caméra de surveillance a été instal­lée par la Ville et la police devant les locaux et nous en avons aussi installé à l’intérieur. L’objectif est avant tout dissua­sif mais cela permet d’avoir une trace d’éventuelles agressions.

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